Tombeau de l'homme qui aimait sentir les livres
Autrefois, pour célébrer un écrivain ou un artiste disparu, on construisait son "tombeau". Ainsi furent composés Le Tombeau de Charles Baudelaire (par Mallarmé), le Tombeau de Couperin (par Ravel).
Si tombeau il y a, l'heure du web commande d'édifier un mausolée virtuel dont les briques pourraient être les livres saisis, sentis, désirés, acquis, lus, soulignés (et comment !) et commentés, et puis aussi les livres écrits par celui qu'un vendeur de la plus ancienne librairie londonienne, Hatchard's Bookshop, admonesta ainsi : "Sir, you may look at the books, but please don't lick them !".
Du recours à l'olfaction pour évaluer l'intérêt des bouquins |
C'était dans les années 70, à une époque où commençait à battre de l'aile l'ingénue illusion de progrès suscitée par les années de prospérité que l'économiste Jean Fourastié allait nommer "les Trente Glorieuses", clin d’œil aux Trois Glorieuses, journées de révolte qui accouchèrent de la monarchie de Juillet (1830).
De ce qui s'ensuivit doit-on se contenter de dire, comme de l'ermite du Tarot, que la lanterne de Francisco Corrêa Guedes n'a éclairé que son chemin ? Peut-être pas, car ceux qui se soumettent à l'emprise des livres constituent une sorte de communauté, qui ne va pas sans connivence.
Il y a toutes sortes d'emprises. On parle d'emprise du mal, d'emprise des sens, d'emprise de la raison, d'emprise du passé, d'emprise de l'opium, on parle aussi d'emprise tout court. Un homme sous emprise, c'est un homme sous influence, bien que ce soit généralement la gente féminine que l'on décrit sous emprise.
On parle aussi de l'emprise d'une route, ce terme désignant tous les terrains nécessaires pour construire une voie.
Où l'on revient au chemin.